Il est timbré ce billet!
Le Traité de Berne, signé le 9 octobre 1874, établit l’Union générale des postes. En trois ans, celle-ci voit le nombre de ses membres augmenter si rapidement qu’elle est rebaptisée Union postale universelle en 1878. Ce Traité a permis de transformer une myriade complexe de services et de règlements postaux internationaux en un territoire postal unique destiné à l’échange de lettres.
Toutefois, l’envoi de billet de banque avec un timbre postal collé dessus ne figurait pas parmi les services universels prévus par le Traité bien qu'il aurait pu remplacer le mandat postal. Trois billets découverts dans les archives historiques de la Banque de France nous éclairent un peu sur cette pratique délictueuse. Elle visait à remettre en circulation des billets qui avaient été annulés par une simple perforation de deux centimètres de diamètre et qui étaient destinés ensuite à la destruction. Ces billets étaient soustraits des caisses avant leur destruction. Des larrons collaient ensuite un ou deux timbres, postaux ou d'autres natures, de chaque côté du billet afin de masquer la perforation signalant son annulation.
Nos archives ne précisent pas comment les payeurs indélicats justifiaient la présence du timbre collé sur le billet lorsqu'ils les utilisaient pour régler. Leur embarras au moment de justifier cette marque incongrue explique peut-être d’ailleurs que cette pratique soit restée anecdotique à moins que ce ne soit le faible profit réalisé. Le pouvoir d'achat du billet 10 francs type 1915 "Minerve" trafiqué ici équivaudrait aujourd'hui à un peu plus de 6 euros. Au lieu de coller des timbres, nos pieds nickelés auraient dû étudier le droit. En mutilant le billet de sorte qu'il en reste un peu plus de la moitié, ils auraient pû obtenir son remplacement par un billet tout neuf au guichet de la Banque de France, tout cela sans gâcher un timbre.