Les galeries

Découvrez les richesses iconographiques des collections de la Banque de France illustrant son histoire, celle de son personnel, de ses activités, de son patrimoine immobilier et mobilier ainsi que des grands évènements traversés depuis sa création.

Portraits de femmes

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Pendant tout le XIXe siècle, plusieurs figures féminines apparaissent sur les billets émis par la Banque de France. Il s’agit alors soit de déesses appartenant à la mythologie gréco-romaine soit d’allégories illustrant la Loi, la Justice ou encore la Fortune.

 

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que des visages se voulant réalistes ornent les billets. La figuration vise alors plutôt à incarner des valeurs. On le perçoit ainsi dans certaines coupures émises pendant la Première Guerre mondiale où les portraits de paysannes rendent hommage aux «travailleuses de l’arrière». L'approche perdure ensuite, notamment, sous le régime de Vichy où les portraits des femmes de pêcheurs, de mineurs ou encore de bergères visent à glorifier les métiers et les forces économiques de la Nation. Parallèlement, et jusqu’au début des années 1950, les figures de déesses restent utilisées pour incarner, par exemple à travers Pomone et Amphitrite, le commerce ou encore l’industrie.

 

À partir des années 1950, le billet met désormais en avant systématiquement le portrait d’un personnage illustre de l’histoire de France. Testée dès 1933 avec des études d'un billet 100 francs représentant Sully qui ne sera finalement pas émis, la tendance est inaugurée avec le 100 francs Descartes type 1942, suivi d'un 500 francs Chateaubriand en 1945, puis de nouveau avec le 500 francs Victor Hugo type 1953. Toutefois, les femmes célèbres n’apparaissent malheureusement pas. Et pourtant, il y eut des tentatives !



Ainsi Jeanne d’Arc fait l’objet de propositions de billet dès 1939 mais, la guerre se précisant et l’alliance avec les anglais devenant indispensable, il n’est guère concevable de rappeler le sort réservé par ces derniers à l’héroïne nationale. Jeanne d’Arc est de nouveau évoquée au début de l’année 1952 mais un événement bouscule la proposition puisque nait cette même année la Communauté européenne de défense avec le soutien, bien qu’éphémère, de l’Angleterre. Une nouvelle fois, la diplomatie a le dernier mot !

 

Les figures féminines incarnées par des personnalités réelles apparaissent certes à partir de la fin des années 1950 mais uniquement à travers des filigranes représentant Marie de Médicis, femme d’Henri IV, sur le 5000 francs type 1957 et Armande Béjart, épouse de Molière, figurée pour le 500 francs type 1960.

 

De fait, l’absence de portraits de femmes célèbres sur les billets de la Banque de France traduit les mentalités de l’époque et la place qui leur est réservée si l’on rappelle que le droit de vote ne leur est acquis qu’à compter de 1945 et qu’elles n’acquièrent la libre disposition de leurs biens et le libre exercice de profession qu’à compter de 1965.

 

Divers projets de billets vont tous rester sans suite figurant Colette en 1979, diverses reines visant à illustrer certaines périodes historiques (médiévale pour Clotilde de Burgondie, Renaissance pour Élisabeth d’Autriche ou encore Anne de Bretagne), ou des femmes de lettres dans les années 1980 (Madame de Sévigné, Madame de Staël notamment). Il faut attendre finalement le 500 francs type 1993 "Pierre et Marie Curie" pour voir enfin le portrait d’une femme sur un billet.

 

Et encore, le portrait de Marie-Curie aura patienté 20 ans avant de figurer sur un billet puisque de premières tentatives, en 1972, puis en 1977, à la suite d’une campagne menée par le journal Marie-Claire et de nouveau en 1979 ne verront pas le jour. Quentin de la Tour et Montesquieu auront alors eu les préférences du Conseil général de la Banque où ne siège alors aucune conseillère.