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Blaise Pascal, un billet entre Clermont et Port-Royal

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Pour le billet qui doit remplacer le 500 francs "Molière", la Banque de France s'adresse à l’un des peintres français très actifs dans l’émergence d’une nouvelle peinture figurative à l’écart de l’art abstrait : Lucien Fontanarosa (1912-1975). A l’exception de l’arrière-plan du recto, la composition qu'il propose dans sa première étude du billet 500 francs à l’effigie du grand Blaise Pascal, qui fut à la fois mathématicien, physicien, inventeur et philosophe est très proche du billet définitif.

Sur les deux faces, la tête de Pascal repose sur sa main dans une attitude pensive. Au recto de l’étude, on distingue au fond la chaîne des Puys dominée à gauche par le puy de Dôme rappelant que Blaise Pascal est né à Clermont, aujourd'hui Clermont-Ferrand. Ce panorama ne sera pas repris sur le billet définitif. Sur la coupure émise, se dressent, à gauche du portrait, le clocher de l'église Saint-Jacques de la Boucherie à Paris, dont il ne subsiste aujourd'hui que son clocher appelé tour Saint-Jacques, et des maisons du XVIIe siècle. La tour Saint-Jacques évoque l’expérience sur la pression atmosphérique qu’il y fit le 9 octobre 1648. A droite du portrait, la cathédrale de Clermont-Ferrand (sans ses flèches construites au XIXe siècle) se profile devant le puy de Dôme.
Au verso, l'étude et le billet définitif sont très proches. On observe ainsi derrière Pascal à sa gauche, le colombier de l’abbaye de Port-Royal au XVIIe siècle et, à sa droite, la chapelle de l'abbaye. Cette représentation illustre l’attachement de Pascal au courant religieux janséniste qu’il défendit dans ses lettres « Les Provinciales ».

Outre le souci de modernisation des graphismes, la création de cette coupure répondait également à la préoccupation de la Banque de France de doter ses coupures d’une nouvelle protection contre la reproduction photographique. Le choix est ainsi fait d’une image monochrome en camaïeu de jaune (alors que les précédentes émissions s’efforçaient de représenter portraits et décors dans leurs multiples teintes naturelles) et d’une composition à la fois figurative et moderne (et non plus des visages et des arrière-plans dessinés fidèlement dans tous leurs détails). La multitude des nuances de jaune constitua effectivement un obstacle à la contrefaçon mais déclencha de nombreuses réactions du public le jugeant bien triste. Néanmoins ce billet, en tant que plus haute valeur faciale en circulation à son époque, a toujours fasciné le public et les artistes. En 1984, le chanteur Serge Gainsbourg le brûle en direct au cours d’une émission de télévision le faisant entrer définitivement dans la postérité.