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Pour Pasteur, un filigrane vert de rage ?

Portrait de Louis Pasteur

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Dès l’origine, la Banque de France s’emploie à assurer la plus grande fiabilité aux papiers utilisés pour l’impression de ses billets. Elle utilise notamment la technique du filigrane apparue en Occident au XIIIème siècle qui consiste à fixer sur la toile utilisée pour la fabrication du papier un motif ouvragé en fils métalliques. A partir de 1844, la Banque adopte le procédé plus sophistiqué du filigrane dit ombré. La toile filigranée est emboutie et permet ainsi d’allier les techniques claire et opaque et de produire des motifs avec des amincis ou des surcharges de pâte.

Le filigrane du billet 5 francs « Pasteur » a été réalisé à partir d'un dessin exécuté par Pierrette Lambert. L'artiste représente Louis Pasteur coiffé d'un bonnet de médecin dans des tons vert émeraude. Sa composition s'inspire d'une médaille gravée par Louis Oscar Roty en 1892 pour célébrer les 70 ans de la naissance du savant. Cette médaille n'est pas l'oeuvre la plus célèbre de ce graveur. En effet, il est plus connu pour la figure de La Semeuse, proposée initialement pour une médaille du ministère de l'Agriculture, et qui sera finalement utilisée pour plusieurs séries de monnaies en franc à partir de 1897 ainsi que pour des timbres postaux à compter de 1903.

Le 5 francs « Pasteur » se substitue au 5 nouveaux francs type 1959 « Victor Hugo » dans le cadre du remplacement progressif de la série des billets du passage au nouveau franc (1er janvier 1960) ; la monnaie nationale a en effet repris son nom original, le « franc », le 1er janvier 1962. Cette nouvelle coupure reprend des caractéristiques du « Victor Hugo » (format, portraits recto-verso se superposant parfaitement) et rend plus difficile la contrefaçon par l’emploi de nombreuses nuances de vert et de jaune que les procédés photographiques ne distinguent et ne restituent que très mal ; un choix qui préfigure les billets presque monochromes des années suivantes, notamment le 500 francs type 1967 « Pascal » émis en janvier 1969. Il s'agit du dernier billet de 5 frans qui sera émis par la Banque de France et il sera retiré de la circulation à peine quatre années après son émission.

Comme le dessin du filigrane, les vignettes du billet ont été composées par Pierrette Lambert. Le recto représente le portrait de Louis Pasteur d'après une héliogravure réalisée par Eugène Champollion elle-même gravée à partir d’une photographie de Pierre Petit. Au fond, on reconnait la façade de l’institut de recherche médicale et d’enseignement qu’il a fondé à Paris et qui porte son nom. L’encadrement évoque ses recherches sur la vigne, le mûrier et le verre à soie. Le recto comporte le même portrait à l'identique mais inversé. Au fond, on distingue la statue du berger Jean-Baptiste Jupille (deuxième enfant sauvé de la rage - 1885), installée dans le jardin de l'Institut Pasteur. Instruments de laboratoire utilisés par le scientifique pour ses recherches. L’encadrement reproduit des cristaux et des mosaïques qui tapissent la crypte de son caveau.