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Jacques Delors, une promesse d'avenir

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Bachelier depuis l’été 1943, Jacques Delors sollicite le 10 février 1944 de la haute bienveillance du directeur du Personnel de la Banque de France un emploi de stagiaire-rédacteur à Paris. Détaché à Chamalières, son père exerce déjà dans l’Institution en tant que sous-brigadier à la Caisse générale alors que ses deux oncles y travaillent en tant qu’agents de recette. Il est agréé en qualité de stagiaire-rédacteur au bureau des Comptes directs le 2 octobre 1944. Admis à l’emploi de rédacteur à l’issue du concours du 15 avril 1945, se classant 2ème à l’écrit, il est alors affecté à la division des Encaissements et des Remboursements de la Conservation des Titres. Très tôt, il est repéré par sa hiérarchie qui relève son intelligence, sa culture et sa persévérance et le qualifie déjà d’agent d’avenir. Les résultats brillants qu’il obtient au Centre d’études supérieures de banque en juillet 1950 l’envoient au cabinet de la direction générale des Titres.

 Son appréciation de l’année 1952 témoigne de ses remarquables qualités et de la clairvoyance de son supérieur sur son avenir :  « Un de agents les plus brillants et les plus complets que nous ayons connus. Pourvu d’un généreux ensemble de dons naturels – intelligence, mémoire, facilité de travail – il semble s’être imposé de tout temps une discipline intellectuelle qui lui a permis d’en tirer le maximum de profit. Il possède une formation étendue, bien assimilée, qu’il ne cesse de cultiver et de développer, ne négligeant aucun des problèmes à l’ordre du jour, et se constituant sur les questions qui l’intéressent (si tant est qu’il y en ait qui ne l’intéressent pas) une documentation adroitement sélectionnée. Sa formation professionnelle, théorique et pratique, est évidemment à l’image de sa culture générale. Grâce à de tels moyens et à un tel acquis, M. Delors aborde avec une sérénité et une assurance presque déconcertantes les problèmes les plus divers, dans tous les domaines (économie générale, finances, droit, fiscalité, administration pure…). Ses qualités personnelles sont, elles aussi, en harmonie avec ses dons. Son éducation, son aisance de manières, sa gentillesse sont telles que, comme le dit son chef direct, il rallie tous les suffrages, à la Banque comme à l’extérieur. Avec sa finesse, son sens de l’observation, la maturité d’esprit qui lui est déjà reconnue, M. Delors saura, chemin faisant, glaner un conseil, profiter des leçons de l’expérience et poursuivre dans les meilleures conditions de rapidité la carrière promise aux agents de sa classe. »

 Cette carrière ainsi promise l’enverra hors la Banque de France qu’il quitte en 1962 pour rejoindre en détachement le Commissariat général au Plan puis de plus hautes responsabilités encore. Il continuera toutefois de marquer éternellement l’histoire de notre Institution et de notre Nation en tant que membre du Conseil général de la Banque de France entre 1973 et 1979 puis en tant qu'artisan de notre Europe et père de l’euro.